MÉNOPAUSE ET TENSION ARTÉRIELLE : UNE VIGILANCE S’IMPOSE
L’hypertension artérielle est l’un des tout premiers facteurs de risque cardiovasculaire, notamment à la ménopause. Comment survient-elle ? Quels sont les symptômes d’alerte ?
Ménopause : une période à risque pour la tension artérielle
La ménopause est une période au cours de laquelle la pression artérielle augmente fréquemment. En France, d’après l’étude Esteban (Santé publique France, 2018), une femme sur deux âgée entre 45 et 65 ans est hypertendue. Ces données font tirer la sonnette d’alarme à La fondation Agir pour le Cœur des Femmes ; d’autant plus que le contrôle de l’hypertension reste insuffisant, en particulier chez les femmes.
Le rôle clé des œstrogènes
À la ménopause, la carence progressive en œstrogènes entraîne un épaississement de la paroi artérielle et une augmentation du tonus des fibres musculaires, rendant les artères plus rigides. Cette rigidité favorise l’hypertension artérielle.
L’impact du mode de vie
À cette période de la vie, de nombreuses femmes adoptent peu à peu une hygiène de vie défavorable : sédentarité, stress, alimentation déséquilibrée, excès de sel, tabac, alcool… Ces comportements favorisent la prise de poids, l’obésité abdominale, l’augmentation des graisses dans le sang et du « mauvais » cholestérol, ainsi que la hausse de la glycémie et de la pression artérielle.
Des facteurs psychosociaux aggravants
Les facteurs psychosociaux contribuent également à l’hypertension ou à son aggravation. Le syndrome dépressif, le stress chronique, l’isolement social ou encore la précarité doivent être identifiés et pris en compte dès l’entrée dans la ménopause.
Un risque cardiovasculaire plus marqué chez les femmes
L’impact de l’hypertension sur la mortalité cardiovasculaire est plus important chez la femme que chez l’homme*. Après 60 ans, les femmes hypertendues sont par ailleurs moins bien contrôlées que les hommes du même âge.**
*Étude Interheart. 2004
**Women’s Cardiovascular Healthcare Foundation
Des symptômes souvent discrets
Certains signes doivent alerter, même s’ils peuvent être confondus avec les manifestations de la ménopause : maux de tête, palpitations, fatigue intense, douleur thoracique, essoufflement, troubles du sommeil ou de la concentration. Ces symptômes, variables dans le temps, peuvent s’accentuer en période de stress physique ou mental et doivent conduire à un dépistage de l’hypertension artérielle.
Le dépistage : un réflexe à adopter
À la ménopause, il est essentiel de faire contrôler régulièrement sa pression artérielle. Cela est possible chez son médecin, son pharmacien ou, soi-même, à domicile grâce à un tensiomètre automatique (de préférence au bras). Les valeurs cibles sont une pression inférieure à 140/90 mmHg en cabinet médical ou en pharmacie, et à 135/85 mmHg en automesure à domicile.
Les pharmaciens au cœur de la prise en charge
La coopération entre cardiologues, médecins vasculaires, généralistes, gynécologues et pharmaciens optimise le parcours de soins des femmes à risque cardiovasculaire. L’implication des patientes est également essentielle : elles doivent préparer leurs consultations en listant leurs antécédents (y compris gynécologiques et obstétricaux), leurs traitements en cours et en s’initiant à l’automesure tensionnelle.
Bonne nouvelle : même après la ménopause, il est tout à fait possible d’agir contre l’hypertension artérielle
Tout commence par un dépistage régulier, qui permet de repérer rapidement une tension trop élevée et d’éviter ses complications.
Adopter une hygiène de vie favorable joue ensuite un rôle essentiel. Bouger chaque jour, limiter sa consommation de sel et d’alcool, apprendre à mieux gérer son stress… Ces gestes simples peuvent faire une réelle différence sur la pression artérielle.
Les femmes ménopausées concernées par l’hypertension doivent aussi être attentives à certains traitements susceptibles d’augmenter la tension : anti-inflammatoires, antidépresseurs ou corticoïdes, notamment. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin ou à son pharmacien.
Si nécessaire, un traitement antihypertenseur pourra être mis en place. Associé à une bonne hygiène de vie et à un suivi régulier, il permet dans la grande majorité des cas de contrôler efficacement la tension artérielle et de préserver sa santé cardiovasculaire.
Chiffre clé : Une femme sur deux âgée entre 45 et 65 ans est hypertendue.
Source : Santé Publique France, 2018, étude Esteban.